Conseil municipal 1er septembre 2021

Intervention de Samia Gameche. 3.1. Rapport sur l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes.

Monsieur le maire,
la lecture de ce rapport nous laisse le sentiment qu’il a été fait pour répondre à une obligation légale. Or, la question de l’égalité professionnelle entre hommes et femmes est à prendre à bras le corps. Celle égalité doit être imposée en toute urgence et sans concession. Pendant la récente crise sanitaire, les femmes ont été majoritaires dans les métiers les plus exposés, en première comme en deuxième ligne. Elles ont littéralement maintenu en vie notre pays. Piliers professionnels de cette survie, elles restent néanmoins moins bien rémunérées et moins considérées que les hommes. Les violences qui s’abattent sur elles, du harcèlement au féminicide, peuvent être combattues sur le terrain professionnel. En effet, l’impossibilité de conquérir une indépendance économique fait partie des facteurs qui livrent les victimes à leurs bourreaux. A l’heure où j’ai préparé cette intervention, 77 femmes avaient été tuées par leurs conjoints ou ex-conjoints depuis le 1er janvier 2021, ce nombre a-t-il changé depuis ? Change-t-il au moment même où je vous parle ? La ville devrait impérativement se doter de logements permettant d’accueillir en urgence celles qui doivent quitter au plus vite le foyer conjugal.
Dans le rapport donc, vous évoquez la nécessité de, je cite : « moderniser la gestion des ressources humaines et donner une image positive de la collectivité ». Pour nous, les femmes et les hommes qui travaillent sont de la valeur, pas des ressources. Nous regrettons profondément que le but visé ici soit « l’image » de la collectivité. Voilà la part féminine de la population une fois de plus rangée du côté de l’esthétique. Croyez-le, la mixité, de quelque nature qu’elle soit, enrichit réellement un milieu professionnel. Elle est un bénéfice réel pour tous. La favoriser ne relève pas d’une mesure cosmétique. Nous voyons par exemple, qu’aucune travailleuse ne figure dans les effectifs des agents du sport. Ce domaine fondamental, qui structure le rapport au corps, gagnerait beaucoup à intégrer des femmes.
En ce qui concerne les conditions de travail et le niveau des rémunérations, nous aimerions connaître les mesures que vous comptez prendre pour qu’aucune travailleuse ne subisse un temps partiel qu’elle ne souhaite pas. Nous prenons bonne note des engagements que vous prenez afin de corriger les inégalités et nous veillerons à ce que vous les respectiez. Nous vous demandons d’être particulièrement vigilant sur la question du télétravail qui, mal encadré, peut conduire à une exploitation plus grande encore que dans le travail sur site professionnel.
Vous répondez honnêtement que le critère d’égalité femme-homme n’est pas pris en compte dans les subventions aux associations, qu’aucune association poursuivant précisément ce but d’égalité n’a été subventionnée par la ville, qu’aucun budget n’est dédié à ce sujet. Nous nous permettons de vous faire observer, en plus, que l’ensemble des termes désignant des humains, qu’ils s’agisse « d’élus » ou « d’agents » sont au masculin. Dans un rapport sur l’égalité, c’est amusant voire pénible. Il est bien question d’élues avec un « e » à la fin, une fois dans le texte. Il s’agit donc des femmes qui seront chargées de l’égalité entre les sexes. Pourquoi, elles, exclusivement ? Ce thème ne pourrait-il donc être traité conjointement par des hommes et des femmes ? Cette difficulté à féminiser les termes et les fonctions, nous les retrouvons dans vos discours, M. Le maire, où les Gardannaises et les Bivéroises sont largement ignorées. Cette difficulté est aussi bien visible dans les tenues des médiatrices qui sont désignées « médiateurs » sur leur veste...
Enfin, nous profitons du fait que le sujet de l’égalité homme-femme soit mis sur la table pour vous demander où vous en êtes du combat que vous aviez affirmé vouloir mener contre la prostitution. C’était un thème majeur de votre campagne et il ne nous semble pas constater d’évolution sur ce terrain. Ces travailleuses exploitées font-elles aujourd’hui l’objet d’informations sur les risques qu’elles prennent, sur leurs droits ? Vous avez reçu le ministre de l’intérieur dernièrement, avez-vous obtenu quelque-chose qui vous permette de lutter contre le trafic des êtres humains ?