Communiqué du 15 janvier 2021

Nuisibles ?

Quand seuls les commerces « essentiels » étaient autorisés à ouvrir nous avons eu une idée des droits qui nous restaient… La réouverture des commerces « non-essentiels » pose une nouvelle question : comment qualifier celles et ceux qui ne sont toujours pas autorisés à reprendre leur activité ? Les barmans, les restaurateurs, les travailleurs du spectacle vivant seraient-ils encore moins essentiels que le non-essentiel ? Est-ce à dire qu’ils seraient même nuisibles ?
Les bars sont ces lieux qui rassemblent ceux qu’habituellement tout sépare. C’est là que peut se tisser un lien social qui échappe aux déterminismes sociaux. Lors du premier confinement, ceux qui y travaillent ont touché de maigres aides. Lors du second confinement, il leur a fallu attendre plus de trois mois avant de voir tomber des aides bien inférieures à ce qu’ils pouvaient espérer. Les restaurants paraissent pouvoir s’en sortir un peu mieux avec la possibilité de pratiquer la vente à emporter. La réalité est qu’ils ne peuvent pas tous le faire. Certains lieux touristiques ont été désertés et qui peut avoir envie de manger un cassoulet dans une barquette, debout sur un bout de trottoir mouillé à Carcassonne ? La cuisine est pourtant bien un domaine que la France prétend chérir.
Côté culture, a-t-on envisagé un plan de sauvetage qui nous permette de retrouver un jour les artistes ? Les intermittents ont connu quelques aménagements mais l’« année blanche » leur aurait permis de renouveler leurs droits s’il y avait eu une reprise effective en juin. Or, avec la diminution des activités cet été et les annulations à partir de l’automne, il leur a été impossible d’effectuer le nombre d’heures nécessaires. Comment compte-t-on aider les artistes qui ne peuvent bénéficier de ce statut ? Les auteurs, les illustrateurs qui n’ont pas pu aller à la rencontre de leur public dans les salons du livre ou les lectures publiques, les dramaturges qui ont vu les représentations de leurs pièces annulées trouveront-ils seulement la force d’exercer à nouveau leur métier ?
Le rôle de ceux qui jonglent ainsi avec les notes, les mots, les saveurs ou les ferveurs populaires, nous n’avons pas à en montrer l’importance, il se mesure au manque que nous ressentons alors qu’on nous prive de leur art. Le risque est grand qu’ils se découragent et ne reprennent tout simplement pas leur activité si les aides et la reconnaissance qu’ils méritent ne se montrent pas à la hauteur.
Les écoles sont ouvertes. Pourquoi n’accueilleraient-elles pas les lectures, les pièces de théâtre, les concerts qui formeraient les spectateurs de demain ? Pour les commerces, la municipalité met en avant la suppression de la TLPE (qui ne profite réellement qu’aux grandes enseignes), l’exonération des droits d’occupation du domaine public pour 2020 (décidé par la précédente équipe municipale) et la création d’un Market place (nous vous prions de bien vouloir commander votre expresso à emporter sur internet…). Cependant, elle n’a même pas mis en place un dispositif qui aurait permis de se repérer dans le maquis administratif. Les informations sur les différentes aides dont ils auraient pu bénéficier n’ont pas été portées à la connaissance des commerçants. Cela n’aurait pas représenté un coût important pour la mairie.