Communiqué du 7 novembre 2020

Imprévisible

« Nous ne pouvions pas prévoir cette épidémie ». L’histoire de l’humanité a pourtant été rythmée par la succession d’épidémies meurtrières. La grippe saisonnière engorge systématiquement les hôpitaux dès l’automne. Les hospitaliers crient leur détresse depuis plusieurs années. Après les applaudissements du premier confinement et leSégur de la santé, les personnels se retrouvent aujourd’hui confrontés aux mêmes difficultés : manque de moyens humains, manque de moyens matériels, manque de moyens financiers, mise en concurrence public/privé, fermetures de lits, fermeture de services et d’établissements...

« Nous ne pouvions pas prévoir la deuxième vague ». Or, c’était précisément ce qu’auraient dû faire les gouvernants, au niveau national. Faute de préparation, ils ont exposé les citoyens et les collectivités territoriales à une communication erratique. La rentrée scolaire n’a pas été anticipée à la lumière de l’expérience de la première vague. C’est un esprit de déni qui a présidé à son organisation. Pour envisager les différents scénarii, il aurait fallu prêter une oreille attentive aux enseignants qui s’alarment chaque année des postes non-pourvus, témoignages de la déconsidération du métier, qui disent les absences non remplacées faute de recrutement suffisant. Il aurait fallu entendre les ATSEM, elles aussi déjà débordées en temps « normal », si tant est qu’un tel temps existe quand on doit faire manger dix enfants de deux-trois ans à la fois. Cela fait également plusieurs années qu’elles expliquent qu’il est totalement impossible pour un adulte seul de s’occuper convenablement de quatorze enfants de maternelle. La situation est déjà périlleuse lorsque aucun agent n’est absent alors, quand on doit faire face à une pandémie, elle est tout simplement intenable. Les animateur.trice.s réclament depuis longtemps également la création d’une équipe de remplaçant.e.s, la possibilité de se réunir et d’être concerté.e.s sur l’organisation du temps périscolaire. Il est certes louable que des agents administratifs du secteur éducation se rendent disponibles pour remplacer les animateur.trice.s absents mais qui fait donc le travail qui est normalement le leur à ce moment là ? Quant aux compétences des des un.e.s et des autres, sont-elles réellement interchangeables, n’y a-t-il pas de notion de « métier » qui intervienne à ces postes ?

Toutes les personnes sur qui reposent la sécurité et l’éducation des enfants en cette rentrée de vacances de la Toussaint à haut risque ont-elles été mises autour d’une table afin d’être entendues et non pas simplement averties de l’existence d’un nouveau protocole ? Ce qui est dit « imprévisible » aujourd’hui, dans les domaines de la santé comme dans celui de l’éducation n’est en fait que ce qui a été dit et répété par ceux qui connaissaient la réalité du terrain depuis de nombreuses années.