M. le maire,
avec ce feuilleton à rebondissements de la SmartCity, nous revivons le conte d’Andersen, « Les habits neufs de l’empereur ». Vous connaissez l’histoire : deux escrocs proposent à l’empereur de lui coudre des vêtements dans la plus précieuse étoffe qui soit. Celle-ci possède par ailleurs la particularité d’être invisible aux yeux des imbéciles et de ceux qui font mal leur travail… L’entourage du roi, peu assuré de son intelligence comme de ses compétences, n’ose affirmer la simple réalité : le roi est nu !
Avec la Smartcity, c’est un peu pareil. Vous vouliez nous vendre à prix d’or un écran de fumée. Vous ne maîtrisiez pas l’outil. L’idée de la Smartcity est d’adapter en temps réel le territoire aux besoins des usagers. L’inconvénient peut en être une utilisation commerciale des données récoltées ou encore une déshumanisation des services publics. C’est donc un outil capable du meilleur comme du pire. On peut s’en servir pour mesurer les difficultés des privé.es d’emploi comme cela se fait dans les quartiers populaires de la région Bretagne par exemple. A Gardanne, semble-t-il, d’après votre 1er adjoint, la priorité était de pouvoir indiquer la poubelle ou la place de parking la plus proche… M. Nalin avait certes fait un exposé plus convaincant concernant l’arrosage et l’électricité mais tout de même, 40 millions d’euros, cela paraissait bien cher payé…
Nous avons nourri de nombreuses inquiétudes vis-à-vis de la Smartcity. Son coût comme l’utilisation que vous vouliez en faire nous paraissaient être tout simplement capricieux, bling-bling, tape-à-l’œil. La SEMAG devait être chargée de piloter le projet et voilà que l’administrateur de transition que vous y aviez nommé vous apparaît tout à coup infréquentable. C’est difficile, de recruter les personnes compétentes pour un poste donné, les biais d’interprétation sont nombreux. C’est pour cela qu’il est préférable de se poser, à plusieurs, autour de ces questions et de ne pas se fonder sur ce que vous appelez des « excès d’enthousiasme ». Il faut reconnaître qu’avec une vingtaine de départs de cadres depuis le début de votre mandat, vous devez être en permanence en train de recruter.
Nous avions donc eu peur de tout mais nous n’avions pas pensé que vous pourriez avoir à résilier le contrat des entreprises choisies pour fabriquer cette fameuse Smartcity. Nous notons qu’elles aussi se retournent contre vous et réclament plus de 50 millions d’euros. Si la ville se retrouve contrainte par la justice de les verser, c’est bien l’ensemble des Gardannais.es qui sera nu à la fin de cette histoire.
Maintenant nous sommes appelés à voter une délibération qui présente une certaine version de l’histoire quand un article de presse paru hier en présente une radicalement différente. Que devons-nous croire ? Nous avons bien une certitude c’est qu’au vu des montants réclamés des deux côtés, les recours seront nombreux, la procédure longue et les frais d’avocats, importants également. Quel gâchis ! Et quelle facture pour les Gardannais.es ! De plus, nous lisons que cette affaire à d’ores et déjà entraîné des destructions d’emplois. Bref, il nous semble que les conséquences de cette Smartcity morte-née vont peser lourd sur beaucoup de gens. C’est profondément triste. Tout en restant très en-dessous du marasme qui arrive aujourd’hui, nous vous avions alerté plusieurs fois au sujet de ce projet faramineux. Aujourd’hui, la réalité dépasse de beaucoup ce que nous prévoyions.