Communiqué du 26 mars 2021

Toujours un peu moins

Les décrets de la loi de transformation de la fonction publique territoriale entrent progressivement en vigueur depuis le 1er janvier 2020. Il s’agit d’une attaque grave au statut des fonctionnaires. Or, ce statut constitue un des éléments qui garantissent le socle républicain sur lequel reposent les principes des services publics (égalité, indépendance et neutralité, responsabilité). Respectés, ces principes cimentent la nation, enfreints, ils en entraînent la division. Avec la remise en cause de leur statut, ce sont les capacités des fonctionnaires à servir l’intérêt général qui sont mises à mal.
La loi permettra un recours accru aux contrats entraînant une précarisation des emplois. Elle multiplie les dispositifs pour organiser les mobilités contraintes. Elle porte lourdement atteinte au droit de grève. Elle constitue une attaque à la démocratie sociale et conduit à museler les représentants des personnels. Avec la fusion des CHSCT (Comite d’hygiène, de Sécurité et des Conditions de Travail) et des CT (Comité Technique), il deviendra particulièrement difficile de témoigner de ses difficultés au travail. Elle harmonise par le bas le temps de travail en supprimant les accords locaux qui ont permis à certaines collectivités, par la répartition du temps de travail, la création de postes supplémentaires. Enfin, elle ne permet pas la revalorisation des métiers à prédominance féminine, la reconnaissance de leur pénibilité et comporte un risque de voir augmenter les inégalités hommes/femmes.
Après avoir constaté l’importance des missions remplies par les fonctionnaires territoriaux, au front pendant la crise, après avoir chanté leurs louanges, le gouvernement adopte une posture démagogique qui vise à les présenter comme des « privilégiés ». Leurs contraintes sont pourtant fortes et leur rémunération plus faible que dans le privé. Ne nous leurrons pas, ce ne seront pas seulement les fonctionnaires mais bien l’ensemble des usagers des services publics qui seront pénalisés par cette loi. Le monde du travail dans son ensemble est lui aussi impacté. Nous nous habituons, tous ensemble et chacun à notre tour, à devoir accepter qu’on nous demande plus de résultats avec moins de moyens. Nous nous habituons à voir les travailleurs soumis à une autorité hiérarchique qu’il devient de plus en plus difficile de contrôler, de contester, alors que la précarisation des emplois s’érige en nouvelle règle.