Conseil municipal du 21 mars 2024

Intervention de Claude Jorda. Débat d’orientation budgétaire

La lecture du Rapport d’orientation budgétaire interpelle sur plusieurs points et confirme la politique menée depuis quatre ans par votre majorité. Elle se résume, sous couvert de gestion vertueuse, de restrictions de personnel, de dégradation du cadre de vie et de recul du service
public local.

Tout d’abord un premier constat que je qualifierais de majeur : pas une seule fois, je dis bien pas une seule fois, n’apparaît le mot solidarité !
C’est très révélateur pour une municipalité qui augmente entre autre, les tarifs de cantine et aspire à « un changement de sociologie » pour notre ville, une gentrification qui ne dit pas son nom, tout en laissant l’État nous sortir du dispositif QPV sans rien dire.
Ce sont des marqueurs, finalement peu étonnant, d’une politique de droite.

Mais pourtant, la population de notre ville s’appauvrit comme partout en France et les besoins de solidarité ne cessent de croître, notamment pour les plus démunis qui souffrent sous les coups de l’inflation, du mal logement, d’un accès aux soins qui se réduit.

Le rôle premier d’une commune, tout comme du Conseil Départemental, est d’être, à minima, correctrices des inégalités.
Nous en sommes bien loin quand la solidarité n’apparaît pas comme une priorité des
orientations budgétaires. C’est certainement tout ce qui nous sépare !
Nous en sommes loin, quand le service public recule et que le cadre de vie se dégrade conjuguée à l’incapacité de la métropole, à assumer un ramassage correct des ordures ménagères alors qu’elle augmente la TEOM de 40 % en 2023 et taxe les unités économiques.

Peut-être pensez-vous que mon propos est une vue de l’esprit... Et pourtant :
- Lorsque la DSU devient supérieure à la DGF, c’est un marqueur incontestable d’un
appauvrissement de la population.
- Lorsque vous acceptez sans trop réagir que l’État retire à notre commune les moyens nécessaires en baissant, année après année la DGF, on ne peut pas dire que vous défendez les intérêts de la
population.
Quand vous êtes arrivés, la DGF était de 486 000 euros, elle n’est aujourd’hui plus que de 196 000 euros soit une baisse de près de 60 % c’est à dire 290 000 euros de moins soit près d’un million d’euros d’ici la fin du mandat !
C’est d’autant plus intolérable que la DGF, au niveau national, augmente de 320 millions d’euros.

Nous avions pris l’initiative, en 2022 d’interpeller Monsieur le sous-Préfet sur
cette baisse inacceptable. Sa réponse d’alors l’était tout autant.

En fait, l’Etat se base sur une augmentation générale du revenu fiscal par habitant pour justifier la baisse de la DGF tout en expliquant, dans la deuxième partie de sa réponse, que la DSU augmente par rapport au constat d’une baisse du revenu dans les quartiers cumulée à la baisse des moyens de la collectivité. Ce sont deux critères majeurs de l’attribution de la DSU pour les communes de plus de 10 000 habitants.
En clair, l’État nous prive de moyens en baissant la DGF, tout comme il nous prive de moyens en supprimant le dynamisme de nos recettes de fiscalité compensée par des dotations stables.
Et donc, comme il nous prive de moyens, il en rajoute, un peu, sur la DSU. C’est ubuesque. Et vous, vous constatez, sans plus cette privation de moyens.

Vous vous targuez d’aller chercher de l’argent dans vos collectivités amies, le Conseil
Départemental et la Métropole, mais ces moyens servent à l’investissement et pas au
fonctionnement de la collectivité et donc à la réponse en termes de services publics et de solidarité.
Nous ne sommes pas éu.e.s pour faire de la comptabilité.
Notre rôle est de défendre notre commune et nos habitants et perdre 60 % de DGF et un QPV n’est vraiment pas glorieux de votre action politique.

Vous mettez en avant une diminution de l’endettement comme un marqueur de votre politique. Mais effectivement, quand on voit tous les projets annoncés, dont pas un seul n’est sorti de terre, pas besoin d’emprunt.
Des projets que vous avez portés, ou défendus, comme étant le nouveau souffle de Gardanne et dont pas un, n’a abouti :
Qu’il, s’agisse de la SMART CITY, de nature à mette durablement en péril nos finances, du cinéma fermé depuis maintenant deux ans alors que vous aviez annoncé sa réouverture pour le festival 2023 ou de la résidence senior, que vous avez défendu becs et ongles et qui n’est qu’un vague souvenir… A ce sujet, les riverains qui s’étaient opposés à ce dernier projet en ont-ils été informés et est-il prévu de les associer enfin à une véritable concertation.

On peut se demander aussi comment, juste avant les élections, vous allez trouver près de 10 millions d’euros avec votre niveau d’épargne, en 2025, pour rattraper le retard sur les projets avortés.
Car l’endettement n’est pas une tare pour des gestionnaires dynamiques.
Il est un outil de gestion et de développement des villes. Mais vous le savez bien puisqu’au Conseil Départemental vous soutenez Martine Vassal qui, depuis qu’elle est Présidente de cette institution, a passé l’endettement de 342 millions à plus de deux Millards d’euros.
En fait, vous n’avez qu’une gestion comptable de la ville.
Et cela se retrouve dans le compte 012 sur les dépenses de personnel.
Vous vous félicitez d’une bonne gestion et de, je cite, « maîtriser les dépense de personnel tout en déprécarisant et en améliorant les conditions de travail, le service public et le cadre de vie »
Mais la réalité, c’est que vous supprimez des postes, que vous avez un turnover de cadres sans équivalent dans toutes les communes du Département et que les cas de mal être au travail se multiplient. Sous couvert de réduction des heures supplémentaires et de baisse des contractuels, le service rendu à la population régresse car il n’y a plus d’astreintes et d’interventions en dehors des heures et jours ouvrables et moins de personnel et de moyens pour l’entretien quotidien.
Je vous invite à aller faire un tour dans la vieille ville la nuit pour constater le
résultat / N’oubliez pas de prendre votre lampe de poche/ à contempler les tags ou à vous promener autour de conteneurs enterrés, issus de vos poubelles intelligentes, qui débordent et que personne ne vient ramasser ou encore d’encombrants qui restent des jours dans la rue. Ce n’est pas que de votre faute, il y a aussi celle de la Métropole, mais, après tout, vous êtes conseiller métropolitain dans la majorité, donc...
La Smart-city devient la Bad-city au niveau de l’entretien.
Oui, vous baissez le nombre d’agents, un des résultats se voit aussi au niveau de l’absentéisme et des accidents de service.
Dans la réalité, vous dites déprecariser le personnel mais dans les faits, certes vous stagiairisez mais alors le nombre de titulaires devrait augmenter au regard de la baisse du nombre de vacataires et de contractuels. Vous voyez bien que ce n’est pas le cas...
Vos chiffres en sont la meilleure démonstration : Comment faire pour avoir une augmentation de seulement 0,20 des dépenses de personnel alors que, enfin, les agents ont obtenu une revalorisation du point d’indice, bien sûr insuffisante, de 3,5 puis 1,5 %, cumulée au GVT ?
En supprimant des postes, en rognant sur les conditions de travail...

D’ailleurs, vous l’affirmez clairement vous même en annonçant, sans état d’âme, le non remplacement systématique des départs en retraite et donc la charge de travail supplémentaire pour celles et ceux qui restent dans le service concerné.

Pour conclure, au vue de l’analyse de votre ROB, il est difficile de croire à votre propos conclusif du document présenté puisque toutes vos orientations vont à l’encontre de cette dernière phrase. Vous conservez bien votre cap mais vous ne développez pas une administration structurée pour un service public de proximité et de qualité.