Communiqué du 9 août 2025

Il y a 80 ans, Nagasaki

Le 9 août 1945, une bombe encore rendue potentiellement encore plus destructrice s’abat sur Nagasaki trois jours après celle qui avait rasé Hiroshima. La mémoire retient davantage la première ville, le lieu de largage de la première bombe atomique. Les premiers articles de presse relatant ce moment destructeur dans une guerre déjà gagnée décrivent le panache produit avec une sorte de fascination comme on raconterait un spectacle « sons et lumières ». La presse française s’empresse d’interroger le pilote du bombardier. Les victimes, les morts comme les survivants, sont, dans un premier temps, effacées de la communication. La merveille technologique fait l’objet d’une fascination morbide qui conduit à reproduire le désastre trois jours plus tard dans une second largage, plus perfectionné.
Les rescapé.e.s, les associations de victimes ne cessent depuis de se battre pour que le Japon ne se réarme pas, conscient.e.s qu’il ne peut pas exister de droit pour un pays à exterminer un peuple ennemi. La mémoire, cependant n’est pas vive pour toujours. A mesure qu’elle s’efface, des tentations bellicistes renaissent. On ne connaît pas le nombre de victimes des bombes. Beaucoup de survivants ont été marqués par la honte et la crainte de ne pouvoir, par exemple, se marier. Ils étaient stigmatisés, rejetés. On supposait qu’il ne pourrait pas avoir d’enfants en bonne santé, qu’ils pouvaient peut-être même contaminer leurs partenaires. Il était donc difficile de les recenser et de leur donner l’accès aux soins qui leur avaient été autorisés.
Malgré la preuve par l’horreur, le monde ne s’est pas désarmé, c’est le moins qu’on puisse dire. La prolifération a été autant horizontale (nombre de pays ayant développé un armement nucléaire) que verticale (perfectionnement de l’arme nucléaire au sein des pays déjà détenteur). La croyance en un équilibre de la terreur, une paix gagnée par la menace du feu nucléaire, l’a emporté sur la voix des pacifistes qui ne cessent d’appeler au désarmement. Comment peut-on appeler « paix » un état de non-guerre qui remet en cause le droit international, comme en Ukraine, par la menace permanente ? La peur n’est pas une condition de la paix. La paix n’existe qu’avec la justice, dans le respect du droit, c’est pourquoi nous continuerons de nous engager auprès de celles et ceux qui réclament le désarmement nucléaire.

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