Communiqué du 8 février 2023

Les cent jours

Non, ce ne sont pas ceux du retour de Napoléon et de sa défaite à Waterloo. Nos cent jours, ceux que nous vivons aujourd’hui, ce sont les cent jours de fermeture du cinéma. Depuis le 1er novembre, certain.es d’entre nous ont découvert le prix d’une séance à Aix qui, lorsqu’on y ajoute le coût du transport, revient à plus du double de ce que nous payions dans notre cinéma. D’autres n’ont pas la chance de pouvoir se faire ce plaisir et se privent tout simplement de cet accès à la culture. Nous avons eu tout le temps de l’éprouver durant les récentes périodes de privation, oui, la culture nous est bien indispensable, oui, l’art est essentiel.
Les scolaires y faisaient là la découverte d’un monde d’émotions et de réflexions. Les familles y effectuaient une rupture avec le quotidien, s’offraient le luxe de déconnecter, quelques heures durant, leurs cerveaux des angoisses qui tourmentent nos vies. Les Gardannais.es et leurs voisin.es s’y retrouvaient, y partageaient une expérience, en discutaient, en débattaient, parfois en présence des acteur.trices, des réalisateur.trices, ce que les plateformes de streaming ne leur permettront jamais.
Bien entendu, une fermeture pour travaux n’était pas, a priori, une mauvaise nouvelle. Les travaux sont toujours pénibles mais il faut bien les faire et, une fois qu’ils sont menés à leur terme, c’est normalement pour la satisfaction de toutes et tous. Seulement, cela fait cent jours et rien n’a commencé. Il faut se rendre à l’évidence, si le festival d’automne 2023 est bien maintenu, ce dont nous nous permettons de douter, il ne se tiendra pas dans un cinéma rénové. Cela n’aurait été possible que si les choses avaient été prévues, phasées, et le calendrier respecté. Or, le désamiantage promis pour janvier au plus tard, préalable à tout le reste, n’a toujours pas été fait. Les explications avancées (recours d’une entreprise en charge de ces travaux) nous paraissent pour le moins douteuses. La confiance est rompue, nous ne croyons plus la majorité.
Nous craignons donc que le cinéma disparaisse tout simplement de la ville. Nous nous inquiétons aussi très fortement de la situation des salarié.es car il est peu vraisemblable que des travaux imaginaires permettent une indemnisation sur toute la durée de la fermeture. La population se mobilise déjà, s’organise et c’est là que réside notre espoir. Elles et ils ne se laisseront pas priver sans rien dire de leur cinéma.