Communiqué de 9 septembre 2023

La rentrée de toutes les difficultés

On finirait presque par s’y habituer tant le phénomène est récurrent. Chaque année, à la veille de la réouverture des établissements scolaires, le suspense est à son comble : y aura-t-il un enseignant devant chaque classe ? Si oui, à quel prix ? A chaque session, les concours de recrutement font face à la faible attractivité du métier et donnent lieu à l’annonce du nombre des postes non pourvus. Le malaise des professeurs est réellement quantifiable. Il suffit pour cela de se pencher sur le nombre des démissions : de 364 en 2009, on passe à 1554 en 2020 puis 2286 en 2021. Il s’agit des dernières données communiquées. Alors, à coup de job-dating, de formations expresses, on parvient à trouver des adultes à mettre en classe. Le chômage et la précarité sont réellement une bénédiction pour les employeurs. Est-ce satisfaisant ? Personne n’est dupe : les fonctions des professeurs sont sensiblement différentes de celles des chiens de berger. Les établissements scolaires ne sauraient être de simples lieux de garde d’enfants.
Pour inverser la tendance, le gouvernement ne manque pas d’imagination, tout d’abord : le Pacte. Les travailleur.euses de l’Education nationale doivent être augmenté.es, que les maîtres et les maîtresses du primaire aillent donc faire du soutien dans les collège, que les professeurs de musique aillent remplacer leurs collègues d’histoire-géographie ! C’est oublier, dans le premier cas, qu’il n’y a pas toujours de collège à côté d’une école et, dans le second cas, qu’il existe la notion de programme. Dans un cas comme dans l’autre, c’est, en l’échange de quelques primes, dégrader encore les conditions d’un travail qui attire de moins en moins de gens. Devant le peu d’adhésions rencontrées par le Pacte, un dernier recours est possible : traiter à la va-vite un sujet complexe et propre à la controverse, tel que la laïcité.

Les familles ne sont pas moins à la peine. L’inflation, les cadeaux faits aux plus grosses entreprises, la dérégulation des marchés de l’énergie, etc. ont fortement impacté leur pouvoir d’achat. Le baromètre du Secours populaire affiche cette semaine des valeurs qui paraissent incroyables : 32 % des Français.es n’auraient plus les ressources leur permettant de faire trois repas par jour. Dans ces conditions, l’achat des fournitures scolaires ne peut se faire qu’au détriment d’autres dépenses essentielles. Est-il nécessaire de rappeler que pour travailler dans de bonnes conditions, il faut pouvoir être logé dans de bonnes conditions, nourri, soigné correctement ? A cette situation difficile, vient s’ajouter les conditions d’accueil dramatiques des élèves en situation de handicap, alors qu’il manque 150 équivalent temps plein chez les AESH.
Pour les collectivités territoriales, toujours plus à la peine financièrement du fait du désengagement de l’Etat, des priorités sont à dégager. Nous défendons que l’éducation doit être l’une d’entre elles, sinon la première de celles-ci. Or, après avoir été mise en avant, notamment lors de l’annonce des travaux d’ampleur dans les écoles, la réussite éducative semble devenir, au contraire, une marge où réaliser des économies. L’école modulaire, à laquelle nous nous sommes opposé.es dès le départ, ne semble pas sur le point d’être érigée, nous ne nous en plaindrons pas, jugeant préférables des travaux par tranche. En revanche, nous dénonçons haut et fort l’augmentation des tarifs de cantine et du périscolaire. De même, nous ne pouvons que trouver ridicule le retrait annoncé des imprimantes couleur dans les écoles. Celles-ci étaient notamment utilisée pour les affichages en classe, pour la réalisation du matériel collectif en maternelle ou encore afin d’aider les élèves dyslexiques à la lecture. Il est peu probable que les économies réalisées ici parviennent à compenser quelque dépense que ce soit.